Résumé

Entre enseignement classique et autodidaxie

Un apprentissage en autonomie est un mode de formation dans lequel des ressources (au sens large, humaines et matérielles) sont mises à disposition de l'apprenant, qui doit s'organiser lui même pour les mobiliser (supports textuels et audiovisuels de cours et d'exercices, espaces numériques et physiques d'interaction avec l'enseignant et entre les apprenants...).

Il y a donc un transfert de responsabilité - d'où le terme d'autonomisation - depuis l'enseignant vers l'apprenant, dans l'organisation de la formation. La seule obligation incontournable de l'apprenant est la réussite aux épreuves servant à accréditer la formation.

Une école plus ouverte

Les trois objectifs de l'apprentissage en autonomie sont :

  1. pédagogique : s'adapter aux apprenants qui recherchent l'autonomie dans leurs modes d'apprentissage et/ou développer ces habitudes (apprendre à apprendre) ;

  2. organisationnel : s'adapter aux contraintes endogènes de l'école, en particulier dans un contexte de diminution des moyens matériels ;

  3. institutionnel : s'adapter aux contraintes exogènes de la société, en particulier pour accueillir à l'école des apprenants "à temps partiel".

La hausse potentielle de l'échec

Un apprentissage en autonomie exige des conditions particulières pour pouvoir être mené avec succès par un apprenant :

  • un "profil cognitif" d'apprentissage spécifique ;

  • une forte motivation (supérieure à celle nécessaire dans un cadre classique, doté d'outils de maintien de la motivation plus marquée : échéances, obligation de présence, effets de groupe...) ;

  • une capacité d'organisation personnelle (s’astreindre à des séances de travail, un planning...).

En conséquence, l'accroissement de l'apprentissage en autonomie, au delà de la part de population apprenante qui répond à ces trois exigences, entraîne mécaniquement une augmentation de l'échec.

La bonne solution générale consiste donc à proposer un dispositif classique et un dispositif en autonomie en parallèle, en limitant l'apprentissage en autonomie à cette part de la population. À défaut, il faudra justifier l'acceptation de l'échec par :

  • des considérations économiques ;

  • le fait que ce serait pire sinon (en autodidaxie par exemple) ;

  • la nécessité pour l'apprenant de travailler sur l'autonomie elle-même.

On notera également qu'il est possible d'augmenter la part de la population autonome, en jouant sur les caractéristiques de cette population (en la formant à l'apprentissage en autonomie), ou en jouant sur les caractéristiques de la formation (et notamment sur le degré d'autonomie nécessaire).

Investir dans les supports

La mise en place d'un apprentissage en autonomie implique la mise à disposition de supports pédagogiques plus qualitatifs que dans le cas d'un enseignement classique, et demande donc un investissement dans ce domaine.

Cet investissement doit être amorti, ce qui conditionne la rentabilité de l'apprentissage en autonomie au nombre d'étudiants qui le suivent. Il existe en particulier des cas idéaux qui permettent de mettre en place des dispositifs permettant de faire des économies sans perte pédagogique.

Une stratégie générale consiste à cibler les formations disposant d'effectifs importants et/ou pour lesquelles ces effectifs peuvent être augmentés, justement grâce à l'ouverture que permet l'apprentissage en autonomie.

Au delà des a priori, compléter et diversifier les formations

L'apprentissage en autonomie favorise l'étude personnelle plutôt que les échanges avec les enseignants. Mais nous défendons qu'il peut constituer une variation sur le thème de l'apprentissage plutôt qu'une dégradation. L'apprentissage en autonomie est probablement aussi déshumanisant pour certains que l'enseignement classique est asservissant pour d'autres.

La solution consistant à permettre un choix est alors meilleure que celle consistant à ne maintenir que la possibilité de l'un ou de l'autre.

Nous précisons que :

  • il est utile de promouvoir des modalités de travail en groupe, qui sortent l'apprenant de sa solitude potentielle ;

  • l'apprentissage en autonomie permet d'élargir le spectre de la population apprenante, ouvrant davantage l'école sur la société ;

  • et qu'il conduit à diversifier les métiers de l'enseignant, en redonnant de la valeur à la production de ressources face au poids de la transmission magistrale.

Étude de situations exemplaires

Nous proposons dans cette dernière partie de reprendre ce qui a déjà été exposé ci-avant, sous un angle de vue plus applicatif, correspondant à des possibilités typiques de ce que peut mettre en place un établissement d'enseignement supérieur "du jour au lendemain", sans refonte organisationnelle majeure.

  • Apprentissage en autonomie en parallèle des enseignements traditionnels

    • pour faire des économies et gérer la disponibilité enseignante

    • pour gérer la semestrialisation et une offre de cours diversifiée

  • Apprentissage en autonomie exclusif

    • pour ouvrir la formation à d'autres parcours de l'institution

    • pour proposer des cours complémentaires, hors parcours, aux étudiants

    • pour la formation continue et citoyenne