Interviews de 6 collégiens et lycéens à propos des LLM

Il s'agit d'interviews informelles d'enfants proches sans suivre de protocole rigoureux, sans représentativité.

I est en terminale avec un profil littéraire.

  • Elle a testé ChatGPT dans un cadre scolaire une seule fois, il s'agissait de produire un scénario pour une histoire. Ça ne l'a pas aidé parce que c'était, selon elle, mal écrit.

  • Elle préfère travailler qu'utiliser ChatGPT (dimension morale).

  • Dans son entourage, c'est peu utilisé (c'est un entourage de « bons élèves »). Elle pense que 20% des élèves l'utilisent, ceux qui sont moins scolaires, par « flemme ».

  • Elle a connaissance d'une autre personne, qu'elle définit comme mauvaise élève, qui l'a utilisé pour un exercice d'essai littéraire. Elle n'a pas été détectée et a obtenu un 8.

  • Un autre cas est une personne qui a produit un texte pour un grand oral blanc et qui l'a appris par cœur.

E est en troisième.

  • Elle l'a utilisé une fois pour un travail à faire pendant les vacances, elle était en retard, elle a utilisé ChatGPT parce que c'était « à la dernière minute ». Elle a obtenu 6/10, elle n'avait pas vraiment répondu à la question posée. Elle estime que c'est une note insuffisante pour elle et pour ses parents.

  • Une seconde fois elle l'a utilisé pour le réalisation d'un sketch comique pour lequel elle n'avait pas d'inspiration.

  • Ce n'est pas trop utilisé dans sa classe à sa connaissance, mais c'est une « classe de stars ».

  • Une amie à elle l'utilise régulièrement, pour des rédactions, mais elle n'en a « rien à foutre des cours », ce qui compte pour elle c'est le résultat, pour « ne pas se faire engueuler ».

S est en terminale avec un profil littéraire.

  • S est une très bonne élève (mention très bien au bac) qui ne copie jamais les rendus partagés sur les médias sociaux.

  • Elle n'a jamais utilisé ChatGPT : « quand tu l'utilises c'est pas pour réfléchir, c'est pour ne pas te prendre la tête ».

  • Elle n'a pas vraiment connaissance d'usage de ChatGPT dans son entourage. À noter que les épreuves de spécialité du baccalauréat ont eu lieu en mars, donc avant que ChatGPT ne soit vraiment connu et que pour les épreuves restantes, comme le grand oral, il n'y avait plus d'enjeu, les élèves pouvaient « juste ne pas travailler ».

  • En revanche S utilise une IA pour la traduction de textes en anglais ou en espagnol (DeepL) : c'est « hyper » différent selon elle, c'est un moyen de se faciliter la tâche ; il y a selon elle une différence éthique.

  • Elle ne le fait pas tout le temps, uniquement dans certains contextes. Par exemple si c'est un travail « pour elle », et pas « pour le prof » (qui n'est donc pas noté), elle n'utilise pas d'outil de traduction.

  • En espagnol, elle utilise ces outils, car : « le prof n'est pas bon », S n'estime pas avoir un bon niveau, les notes en contrôle continue compte pour le baccalauréat et son orientation, donc « elles sont importantes ».

  • Elle estime que les étudiants qui utilisent ChatGPT pour s'aider à reformuler, un peu comme elle utilise les outils de traduction, c'est acceptable, car ce sont leurs idées.

  • Quelque peu pressée par mes questions sur cet usage en traduction, elle précise qu'à l'école on apprend que l'échec c'est mal, que l'objectif est d'avoir des bonnes notes, que l'objectif d'un rendu d'exercice est d'être parfait.

C est en troisième.

  • Elle n'a jamais utilisé ChatGPT.

  • Elle précise qu'elle n'a pas beaucoup de travaux à faire à la maison.

  • Elle sait que plusieurs élèves (environ 5 sur une classe de 25) l'ont utilisé pour préparer l'oral du brevet ou l'oral du stage (ils apprennent par cœur les textes générés) ; elle les définit comme de mauvais élèves.

  • Elle utilise aussi l'outil de traduction DeepL, pour des « petit bouts de phrases » qu'elle comprend pas, mais selon elle le « prof est nul » et elle juge l'anglais moins important. Elle juge qu'utiliser une IA en histoire ou en philosophie ce serait plus grave.

M est en quatrième.

  • Il a testé une seule fois sur le site, juste pour jouer en dehors du cadre scolaire.

  • Il n'a presque pas de devoir à la maison.

  • Il préfère « demander à ses potes » plutôt que d'utiliser ChatGPT.

R est en première.

  • Il utilise ChatGPT de temps en temps, « quand c'est un peu dur ».

  • Il l'a utilisé en français, notamment pour un DM à rendre pendant les vacances ; il a essayé en mathématiques, mais ça ne marchait pas bien. Il n'utilise pas DeepL (c'est un très bon élève en langues).

  • En français, la première fois, il n'a pas eu une bonne note, il ne s'était pas assez bien rapproprié les productions de ChatGPT. Une autre fois, à propos d'un commentaire de texte, il a posé plusieurs fois la même question, et il jugeait que les éléments récurrents devaient être pertinents, donc il les gardait, puis les reformulait avec ses propres mots (il pense avoir bien réussi l'exercice, mais il n'a pas eu de note, ayant oublié de rendre le devoir à temps).

  • Selon lui la moitié de sa classe environ utilisait ChatGPT combiné à des outils de reformulation. La matière la plus concernée était l'anglais. Certains l'ont utilisé de façon récurrente, obtenant parfois de bonnes notes, et étant parfois détectés par l'enseignant.

  • « Il y en a qui l'utilise trop » dit R, par exemple une élève l'a utilisé en direct pendant un oral (le téléphone était autorisé comme support de note) ; l'enseignant s'en est rendu compte.