Notion de recherche technologique
La recherche technologique est définie par le laboratoire Costech (2016) comme l'articulation entre le développement de connaissances nouvelles et l'apport de solutions nouvelles à des problématiques techniques, sociétales et économiques.
« Comprendre pour faire et faire pour comprendre »
Charles Lenay rappelle lors de l'assemblée générale de Costech en 2018[1] les grands principes de la recherche technologique :
Le fondement de la recherche technologique trouve ses racines dans la thèse TAC : si la technique est constituante alors elle est en avance sur ce qu'elle fait advenir.
Le paradoxe fondateur de la recherche technologique est que l'étude des besoins ou des usages actuels ne permet pas de spécifier et d'anticiper les développements techniques à réaliser.
Observer ne suffit donc pas, il faut faire pour comprendre.
Complément
La recherche technologique ne se place ni en position d'indépendance, ni de surplomb par rapport aux objets (outils, machines, dispositifs, systèmes) qu'elle étudie.
La recherche technologique impose de s’impliquer dans les processus de conception et pas seulement d'observer les dispositif existants, il s'agit donc de modifier les outils que l'on étudie.
Il s'agit à la fois :
de mener des recherches fondamentales sur les schèmes techniques, cognitifs et sociaux pour comprendre ce que la technique fait advenir et comment elle le fait advenir ;
et en même temps de participer aux processus de conception, non pas pour la résolution de problèmes bien posés mais pour la construction collaborative de questions et de possibles.
Ce que la recherche technologique n'est pas
La recherche technologique telle que nous la définissons s'oppose tout à fait à la définition qui en est donnée sur Wikipédia : « La recherche technique, ou recherche technologique, est une branche de la recherche qui constitue la suite de la recherche scientifique, afin de valoriser dans l'industrie les découvertes scientifiques. »
Simondon (1958)[2] parle de mécanologie pour décrire une recherche qui étudierait le fait technique par sa construction. En rupture avec les méthodes scientifiques propres aux sciences de la nature, une science de la technique - ou technologie - consisterait à construire des objets pour les comprendre : il n'y a donc rien avant la construction de l'objet, ni des sciences physiques qui en prédiraient le fonctionnement, ni des sciences sociales qui en prédirait les usages. L'étude des machines consiste d'abord à construire des machines.
L'idée d'une recherche technologique n'est donc pas :
l'application de résultats scientifique pour en faire des produits ; c'est le projet de la valorisation (qui trouve sa limite dans le fait que l'objet construit n'est justement pas déterminé par la théorie scientifique qui semble en être à l'origine, mais qu'il n'existe que lors de sa construction, la "valorisation" n'existe donc en tant que telle pas, il y a une étape de construction qui peut être plus ou moins réflexive
la réponse à des besoins établis a priori ; les besoins pour un objet qui n'existe pas ne sont en quelque sorte pas possibles, ils ne se construisent qu'en relation avec la réalité de l'objet, ils sont également construits et ne peuvent être observés que lors du processus de création (ou a posteriori), mais pas a priori.
Il n'y a pas de réalité technique en dehors de la construction des objets : une recherche technologique consiste à créer des objets avec l'objectif spécifique de les comprendre. Cela se distingue de l'innovation, dont l'objectif est de développer un marché ou des usages, mais ne s'en détache pas totalement. En effet, la genèse technique a besoin de couplage humain, d'usage réel, et la distribution des objets est un moyen privilégié de développer leurs usages.