Étude de cas d'écriture computationnelle
Dans cette partie nous présentons quelques cas d'écriture computationnelle typique. Ces cas sont illustrés au travers d'exemples issus de la chaîne éditoriale Scenari.
Insérer une image dans un texte
Un cas apparemment trivial
La plupart des écritures numériques mêlent le texte alphabétique et les images, l'universalité du support y conduisant rapidement. Les traitements de texte permettent ainsi simplement d'ajouter une image. Pour cet exemple nous prendrons un texte sans importance au sein duquel nous insérerons des images issues de plans de Léonard de Vinci (Cianchi, 1984). La première image, étude de polyèdre, contient peu de détail et aucun texte ; la seconde, four à réverbère, contient du texte et des images détaillées ; tandis que la troisième, chaînes, contient de nombreux détails, mais pas de texte.
Trois dessins de Léonard de Vinci
Traitement de texte WYSIWYG (écriture traditionnelle)
Dans un traitement texte traditionnel, l'insertion de l'image se fera graphiquement de façon à obtenir le rendu désiré. On jouera sur les paramètres graphiques tels que :
la taille de l'image (redimensionnement) ;
le positionnement de l'image relativement au flux de caractères : avant, après, à droite, à gauche, entourée par... ;
la rotation de l'image.
On voit sur les trois exemples qui suivent que l'approche WYSIWYG fonctionne parfaitement bien, tant que c'est une impression sur papier qui est visée.
Lecture sur écran
En revanche, si l'on projette ces trois exemples sur des supports dynamiques de lecture, de nombreuses critiques peuvent être formulées, par exemple :
Pour le dessin Polyèdre :
Sur un petit écran (smartphone), le choix d'un vis à vis entre le texte et l'image n'est pas opportun, on préférera un bout à bout classique.
Pour le dessin Four :
Sur un écran d'ordinateur, on pourra fournir une image très haute résolution permettant d'explorer les plus petits détails de cette image. Mais pour éviter un temps de chargement long ou un encombrement spatial de la page, on préférera sûrement afficher d'abord une réduction de l'image qui permettra d'activer l'image haute résolution sur une action de l'utilisateur. On pourra aussi dans ce cas ajouter une loupe permettant d'accéder à la lecture des notes manuscrites sur le schéma.
Pour le dessin Chaîne :
Sur un écran d'ordinateur le choix d'avoir pivoté l'image en mode paysage (qui a permis d'optimiser la mise en page sur papier) n'est plus adapté, l'écran ne pouvant se tourner aussi facilement qu'une feuille imprimée d'une part, et la possibilité de défilement dynamique annulant la limite verticale de la page d'autre part.
Chaîne éditoriale WYSIWYM (écriture computationnelle)
Ce que ces exemples nous montrent c'est d'une part que le polymorphisme et le WYSIWYG sont en contradiction intrinsèque, puisque, par définition, si ce que l'on voit est ce qu'on obtient, on ne peut voir, donc obtenir, qu'une seule configuration graphique, alors que chaque support de restitution requiert des configurations graphiques différentes (ici, la taille des images, leur alignement, leur orientation).
On voit également que l'écriture traditionnelle ne peut pas prendre en charge l'interaction du support de restitution. Il n'est en effet pas possible de systématiser la gestion interactive des images : disposer d'une miniature et d'une version haute résolution ou d'une loupe dépend du contenu de l'image (présence de détails, de caractères textuels) et de l'intention de l'auteur, et pas seulement de ses propriétés graphiques. Un auteur pourra décider que le dessin Polyèdre est destiné à une vue d'ensemble et donc qu'une fonction de zoom sera contre-productive, alors que rien ne permet de le détecter automatiquement. Une action explicite de paramétrage par l'auteur est donc nécessaire pour activer les bonnes fonctions de rendu et d'interaction.
Il y a alors passage à une écriture computationnelle, qui sait intégrer une part de programmation explicite dès lors qu'un écran est visé, et a fortiori plusieurs types d'écrans.
Sur cet écran on visualise une saisie WYSIWYM du dessin Polyèdre. La déclaration de la position de l'image par rapport au texte n'est plus graphique, elle est programmée par l'auteur. L'auteur mobilise une fonction qui prend en entrée un texte, une image et un paramètre de positionnement ; cette fonction engendrera un comportement à la publication, comme par exemple : mettre en vis à vis sur un écran large, et mettre à la suite sinon. L'explicitation de la programmation ouvre un champ d'expression beaucoup plus large (d'autres fonctions, d'autres rendus) que ce que permettait le positionnement graphique WYSIWYG.
Sur le second écran on visualise le paramétrage de l'affichage de l'image correspondant au dessin Four. L'auteur en fixe une taille relativement à une taille de police standard d'un texte de référence. Ainsi la taille de l'image n'est plus strictement graphique, exprimée en pixels ou en centimètres, elle devient un paramètre abstrait contrôlé par l'auteur, qui ainsi opère sur le calcul qui sera exécuté sur l'image à la publication. D'autres paramètres peuvent être mis à sa disposition, d'ordre graphique (la possibilité d'une rotation de l'image en cas de besoin d'optimisation d’espace de page), ou d'ordre interactif (l'activation d'une fonction de zoom ou de loupe).
Cette couche de programmation explicite apportée par le WYSIWYM permet à l'auteur d'élargir l'expression de son intentionnalité au delà des seules caractéristiques graphiques de son écriture devenue computationnelle, pour étendre et exploiter l'algorithme qui contrôle le rendu dynamique du texte sur un écran d'ordinateur.
Écrire pour plusieurs supports en même temps
Un cas devenu commun
L'écriture numérique est de plus en plus une écriture multi-supports, c'est à dire une écriture dont l'objet est de produire un contenu qui sera publié sur des supports de lecture différents : papier, écran d'ordinateur, écran de téléphone, vidéoprojection, tableau blanc interactif, liseuse... Afin que le contenu puisse être adapté à chaque support de restitution l'auteur intègre des paramètres à certaines parties du contenu :
pour spécifier qu'ils peuvent ou doivent être exclus de telle ou telle forme (ce paragraphe long est à exclure des formes synthétiques comme les diaporamas) ;
pour proposer des formes alternatives à choisir en fonction des supports (cette série d'image sera proposée sur écran, mais sur papier on choisira cette seule image représentative).
Alternative et exclusion
Combinatoire : supports web vs papier vs diaporama
Scénariser des parcours multiples
Dès les années 70, Nelson (1974, 1981) pense le support numérique en rupture avec la linéarité héritée du livre en imaginant la fragmentation du texte, les liens hypertextes ou le texte étirable (stretch-text). Produire un contenu numérique implique de programmer les conditions d'activation des pages par le lecteur.
Écriture à profondeur variable (stretch-text)
Écriture multi-linéaire
Publier pour tout le monde
Accessibilité
Afin de répondre aux exigences d'accessibilité, l'éditeur WYSWIYM a permis d'exploiter les éléments de structure déjà présents et d'intégrer dans le processus de rédaction des éléments spécifiques comme les alternatives textuelles aux images, le sous-titrage des vidéos, les transcriptions de l'audio ou la description des liens hypertextes.
Reproduit depuis :
http://ics.utc.fr/capa/DOCS/SP4/Tuto/03
Creative Commons BY-SA, Projet CAPA - A.Frappier (Unisciel) et L.Gaillard (ICS-UTC)
Dans le contexte d'une lecture par synthèse vocale l'identification des en-têtes est fondamentale car elle permet de comprendre à quoi correspond une cellule isolée du tableau.
Lorsque l'image véhicule une information complexe il convient de prévoir cette description dont le contenu présente la même information et vise le même but que le contenu non textuel.
Une transcription est une version écrite permettant d'accéder à l'ensemble d'un contenu multimédia. Ainsi les paroles, bruitages, visuels nécessaires à la compréhension du média doivent être retranscrits textuellement.
La LSF (Langue des Signes Française) est une langue reconnue comme telle depuis 2005 et à l'origine d'une identité culturelle chez les sourds la parlant.
Le titre de lien est un texte long permettant de décrire précisément la fonction et la destination du lien, lorsque l'intitulé n'est pas suffisant.