L'enseignement dans le numérique : faire évoluer la pédagogie universitaire
Le numérique et le métier d'enseignant
Le numérique change notre façon de penser :
il change notre façon de faire notre métier
il change notre public (les étudiants)
il change la société que sert l'université
L'information est disponible et désacralisée :
sur-documentarisation (libération de l'acte auctorial et éditorial)
dé-documentarisation (déconstruction du document comme référence)
Relativité du savoir
Génération Y : Le Y de why (pourquoi) et le Y de l'alternative (donc de la remise en cause du chemin pré-établi)
Fragmentation des contenus
Livre → Article → Blog → Commentaire → Tweet
Film → Série → Clip
Cursus → UV → Module → ...
Syndrome de la Bibliothèque de Babel (Borges)
Tout a déjà été écrit, il existe forcément quelqu'un quelque part qui a déjà résolu mon problème et a publié la réponse, il suffit de le trouver...
Version négative : l'homme n'est plus qu'un chaînon mineur consistant à appairer problèmes et solutions (exemple de "La Semaine Du Don")
Version positive : Passage du modèle de l'
« érudit »
- celui qui possède la connaissance - à celui du« sagace »
- celui qui s'oriente dans la connaissance pour atteindre un but (Bachimont, 2007)
L'école n'est pas armée pour faire face aux mutations en cours (Kambouchner et al., 2012)
Crise de la lecture (et évolution de l'interprétation)
D'une part la massification de l'information ;
de l'autre un temps disponible de lecture constant (temps de tout lire ?) et un volume de mémoire constante (temps de relire ?).
Passage du monde sur papier au monde sur écran (Gautier 2009).
Crise de l'autorité (et développement de la parité)
Prise de pouvoir du "praticien" sur le "savant".
« It's not just leading academics who can teach anywhere in the world, it is also the world's leading practitioners, from film producers to business people, from politicians to civil servants. (Barber et al., 2013) »
Crise de l'attention (et développement de formes de parallélisme)
Prise de pouvoir de la machine sur la gestion de l'attention, de la tâche.
La mise à distance de la co-présence
L'enseignement comme relation enseignant-apprenant
Un enseignement implique un enseignant qui interagit avec un apprenant, c'est donc une relation vivante impliquant une co-présence voire même nous dit Prairat (2016) : « il faut que ce soit physique, charnel »
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Une relation vivante, dans le numérique aussi
L'auteur pose que l'enseignement implique une relation vivante, donc entre vivants, ce qui le conduit à parler de physique, de charnel, de proximité, de co-présence...
L'auteur assimile le vivant de la relation à sa version traditionnelle de présentiel. Je pense pour ma part que la notion de "relation vivante" évolue avec le numérique - qui numérise aussi les relations - et que l'humain acculturé à ces relations numérisées sait reconstruire du relationnel - distinct bien entendu, mais du relationnel néanmoins - et donc que l'enseignement est "numérisable", aussi. C'est à dire qu'il est possible de réaliser un enseignement qui inclut la relation entre humains, mais via la machine, avec une co-présence "distante" (ou l'on peut se voir, s'entendre, bientôt se toucher).
En cela l'exemple de la télévision n'est pas adapté ; dans le cas de la télévision on a effectivement suppression de la relation entre vivant, alors que qu'avec le numérique, il y a transformation de ce rapport, mais absolument pas suppression.
Je partage donc cette nécessité de la relation humaine dans l'enseignement, mais je pense que ses modalités sont solubles dans le contexte numérique (et qu'elle s'y transformeront nécessairement).