Réflexions autour du support numérique

Les articles proposés sur ce site étudient les façons dont nous pourrions écrire, chercher, enseigner, vivre, dans le monde numérique qui s'offre - ou plutôt qui s'impose - à nous ; et comment ce passage généralisé au support numérique modifie jusqu'à la façon dont nous pourrions penser.

IA génératives : la fin des exercices rédactionnels à l'université ?

En décembre 2022 le magazine États-unien The Atlantic titre : « The College Essay Is Dead » (Marche, 2022[1]). L'auteur de l'article, écrivain, attribue un B+ à une rédaction produite avec le LLM[2] GPT-3 dans le cadre du cours de Mike Sharples, enseignant en sciences humaines. J'ai moi même attribué la note de 14/15 à un exercice rédactionnel réalisé avec ChatpGPT en février 2023 à l'UTC (Turcs mécaniques ou magie noire ?). Une enseignante de philosophie lui a attribué une note de 11/20 au baccalauréat (Lellouche, 2023[3]).

J'ai depuis observé plusieurs cas de « triche » avec des LLM à l'UTC en 2023.

Se pose donc la question de la réaction à court terme pour les enseignants concernant les exercices rédactionnels qui sont réalisés par les étudiants à distance.

ChatGPT, turcs mécaniques ou magie noire ?

J'ai testé ChatGPT pour répondre à l'examen final de mon cours de littératie numérique à l'UTC. Avec les précautions liées au fait que je savais corriger la copie de l'AI, ChatGPT obtient 14/15 à l'examen (je pense que si cela avait été un rendu d'étudiant j'aurais mis 15/15).

Le résultat impose de nous interroger sur l'évaluation des exercices rédactionnels réalisés par les étudiantes et étudiants.

Low-technicisation et numérique

La participation de l'industrie informatique à l'empreinte écologique des humains (CO2, terres rares, biodiversité, eau...) est aujourd'hui mesurée, même si ces mesures peinent à être précises. L'empreinte du numérique se répartit d'une part entre la fabrication, l'utilisation et le recyclage, et d'autre part entre les terminaux, les serveurs et le réseau. Des controverses existent sur la prédominance de chacun de ces postes, mais un consensus se dégage sur la nécessité de considérer la croissance exponentielle du numérique comme problématique.

Le numérique se pose en un double cas limite :

  • Il est d'emblée dans le champ du high-tech ; il n'y a pas de d'informatique low-tech.

  • Il revêt un caractère holistique ; toutes les autres technologies humaines dépendent aujourd'hui du numérique.

On ne peut donc pas envisager d'informatique low-tech et on peut difficilement imaginer un monde sans numérique. En revanche on peut envisager d'agir sur l'informatique que l'on privilégie : de plus en plus puissante et génératrice de nouveaux besoins, ou au contraire plus modeste et moins invasive.

Vers une ataraxie numérique

Épicure assimilait le bonheur à l'ataraxie, une vie sobre en plaisirs qui ne répondent pas aux besoins naturels et nécessaires. Il est peut-être temps de partir à la recherche d'une certaine ataraxie numérique, qui consisterait à se demander ce qui est nécessaire, utile, même agréable. Réévaluer ce dont nous avons besoin et en faire des outils conviviaux qui rendent autonomes et heureux, qui ne soient pas des instruments d'asservissement, de contrôle ou d'addiction.

Connaître les objets numériques

Pour le philosophe Gilbert Simondon, la méconnaissance de la machine est la cause majeure de l'aliénation du monde contemporain, les hommes qui connaissent les objets techniques cherchent à s'imposer en leur conférant le statut d'objets sacrés. Ainsi naît « un technicisme intempérant qui n'est qu'une idolâtrie de la machine ». Mais Simondon nous donne aussi la solution, ce qu'il appelle à l'époque mécanologie et qu'on appelle aujourd'hui la technologie : inclure la technique dans la culture. On parle aussi de littératie numérique, d'éducation populaire, bref de faire en sorte que la majorité des personnes soit en capacité de disposer des objets, de les choisir, de les configurer, sinon de les construire, au moins de les fixer.

Le document numérique n'existe pas, il faut l'inventer (principe de documentarité)

Je présenterai une conférence sur le principe de documentarité vendredi 22 février 2019 dans le cadre de la master class « HyperEdition, Documentarité, Technologies intellectives » à l'université de Bordeaux Montaigne.

La documentarité est une mesure des propriétés d'un document au niveau culturel, en quoi il permet de transmettre, enseigner et prouver, et au niveau technique, en quoi il est publié, fixé, fermé, et scénarisé.

En ouverture j'ébaucherai la question de la relation entre documents et pouvoirs, en faisant le lien avec mes travaux plus récents sur la redécentralisation du web. Cela me donnera en outre l'occasion de conclure sur une citation de La Boétie, ce qui était nécessaire à l'université Montaigne.

Picasoft, une contribution à la redécentralisation du Web à l'UTC

Picasoft est une association de l'Université de Technologie de Compiègne fondée en 2016 par des étudiants et des enseignants.

Picasoft est membre du CHATONS, un collectif de structures indépendantes qui œuvre pour la redécentralisation du web. Nous présenterons ce que Picasoft a pu réaliser entre 2016 et 2018 (hébergement de services web, conférences, ateliers et cours, contribution au développement de logiciels libres...), comment cela a été mené, ainsi que les difficultés rencontrées.

[abstract]

Picasoft is an association of the Université de Technologie de Compiègne founded in 2016 by students and professors. Picasoft is member of the CHATONS, a collective of independent structures that wish to avoid collect of personal data and centralization of web application. We present what Picasoft realized between 2016 and 2018 (web hosting, conferences, workshops and courses, contribution to free software development...), how we did it along with the issues we faced.

Article que je présenterai demain au POSS (https://opensourcesummit.paris).

Alternatives et résistances : Framachins, Framachines et Chatons

L'enjeu de la redécentralisation du web est la réappropriation par les citoyens du contrôle sur les applications d'Internet, face au pouvoir des GAFAM[4]. L'association française Framasoft a initié en 2014 un mouvement pour promouvoir des alternatives opérationnelles et initier un processus de dégafamisation. Si l'objectif affiché était opérationnel (redonner le choix aux utilisateurs et de limiter la concentration des données), cette action avait également comme fonction de poser une question : la dégafamisation est-elle possible, peut-on se passer des géants du Web ?

En 2018, on peut considérer que cette action a participé à apporter des réponses positives et à en explorer les voies.

Dernière partie de l'article commencé en 2016 consacré à la redécentralisation d'Internet, en préparation du prochain article qui rendra compte de l'expérience Picasoft à l'UTC, et que je présenterai au POSS (https://opensourcesummit.paris) le 5 décembre 2018.

Confiance en la machine ? des logiciels libres à la littératie numérique

Dans le cadre de la journée Le numérique : en confiance ? organisé par le laboratoire Costech le 20 septembre 2018, j'interviendrai avec Isabelle Cailleau pour partager des expériences et réflexions qui posent la question de la confiance dans l'espace numérique.

Capture de l'épisode "Shut Up And Dance" de la série Black Mirror

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